Almuerzo, picaeta et torrà

Almuerzo, picaeta et torrà
5 août 2021

Almuerzo, picatea et torrà, trois moments conviviaux qui sont chers aux valenciens.

Dans la Communauté Valencienne, l’on aime socialiser autour d’une table. Peu importe l’endroit, à la terrasse d’un café, dans une salle de restaurant, à la maison de campagne… Et c’est encore plus vrai après de nombreux mois sans pouvoir se retrouver avec les proches et les amis autour d’un verre. Toutes les raisons sont bonnes pour se réunir entre amis ou en famille. Alors, envie d’en savoir plus sur l’almuerzo, la picaeta et la torrà ?

Almuerzo

Vamos a almorzar (esmorzar en valencien) !

L’équivalent valencien de notre casse-croûte. L’origine est d’ailleurs similaire. Il s’agit à l’origine d’une pause repas pour les ouvriers, agriculteurs. Généralement, l’almuerzo valencien (esmorzaret) se prend plus ou moins entre 9h et 11h. Tu sais maintenant pourquoi les terrasses des bars et cafés sont souvent pleines même en milieu de matinée. Dans les autres communautés autonomes, l’almuerzo désigne souvent le déjeuner (entre 14h et 16h), ce qui n’est pas le cas dans la Communauté Valencienne. Il ne faut pas confondre non plus, l’almuerzo avec un brunch à l’anglaise. Le brunch est habituellement pris le week-end. L’almuerzo est un acte quotidien. Une anecdote pour illustrer cette tradition de l’almuerzo valencien.

Il y a quelques années en arrière, je travaillais depuis un coworking à l’Eliana. Celui ouvre quotidiennement à 9h00. Je m’installe à mon bureau, je commence à travailler et soudain à 10h00 je vois plusieurs coworkers se préparer à sortir.

– ” Tu viens avec nous, on va fermer le coworking? “

– “Euh, comment ça fermer le coworking ? C’est tout juste 10h du matin”

– “Ah oui, mais c’est l’heure de l’almuerzo. Normalement on ferme le local et on va tous au café du coin. On sera de retour vers 10h45.”

– “Ah ! Ben j’arrive “.

Et voilà une dizaine de personnes se dirigeant vers la place de la mairie pour aller prendre un almuerzo en terrasse. Il est 10h du matin et le café est déjà bondé. Ici pas de menu ou de carte. À peine à table et chacun commande son bocadillo sur mesure. Avec poivrons ou sans, avec saucisses ou non, avec tortilla ou non…N’ayant aucune idée de ce qu’il est possible de choisir (la liste est trop longue), je commande la même chose qu’un collègue. Bocadillo de tortilla avec des oignons et mayonnaise.

Un autre monde… En plus chaque bar ou café a ses propres spécialités.

Heureusement à force d’almorzar, on arrive à reconnaître les incontournables et les différentes possibilités qui s’offrent à nous.

Les incontournables :

  • Le bocadillo : De la taille d’une baguette ou d’une flute. Indispensable pour réaliser les différents sandwichs (bocadillos). Chaque bocadillo possède sa propre appellation : Brascada, Almussafes, Chivito, Blanco y Negro. Mais l’on peut aussi demander un sandwich sur mesure, avec ses ingrédients préférés (viande, fromage, légumes, charcuterie, tortilla, œufs, mayonnaise, aïoli..)
  • Boissons : Bière, soda, tinto de verano (vin+limonade), cassalla (le Pastis local) ou mistela (Muscat), eau (agua natural o fria). L’agua natural est en fait d’eau plate à température ambiante. Si vous la voulez fraîche, il faut demander de l’agua fria. Ailleurs, on vous demandera juste eau plate ou gazeuse, mais dans la Communauté Valencienne, l’important c’est de connaître la température de l’eau.
  • Cacahuètes (Cacaus en valencien) : De préférence Cacaus de Collaret, c’est-à-dire avec la coque. Pas les cacahuètes salées du PMU.
  • Olives (Olivas en valencien ou aceitunas)
  • Les graines de lupin blanc saumurées ou tramousses (Tramús en valencien ou Altramuces) : Il paraît que c’est bon pour le cholestérol 

L’on peut éventuellement terminer l’almuerzo avec un dessert :

  • Natillas (crèmes)
  • Torrija (pain perdu)
  • Madeleines

Et par un café : Bombón (café avec du lait concentré), Cremaet (Carajillo ou café avec du rhum), Tallat ou Cortado (café au lait), ou un café solo (expresso).

Pour un almuerzo, il faut compter environ 5€ (sandwich, apéro, boisson et café), au grand maximum 8€ (dans ce cas, on s’éloigne de l’almuerzo popular).

Picaeta

L’équivalent valencien de notre traditionnel apéro. Il sert de prélude à l’almuerzo, au déjeuner ou au souper.

Les incontournables :

  • Les cacahuètes (Cacau) : Comme pour l’almuerzo.
  • Les graines de lupin blanc saumurées ou tramousses.
  • Les autres saumures (Salmorra/Salmuera) : Olives, carottes, chou-fleur, cornichons, poivrons…).

On peut aussi trouver : les pipas (graines de tournesol), les coca sucrée (coca de llanda) ou salée (au thon, aux poivrons…), fromage, charcuterie.

Il ne faut pas confondre Picaeta et Tapas. Les deux servent d’amuse-bouche, mais les tapas sont un peu plus élaborées.

Torrà

L’équivalent valencien de notre traditionnelle grillade. Les valenciens vous diront que cela n’a rien à voir avec un barbecue à l’américaine.

En effet, pas de barbecue ultramoderne ou de cuisson au gaz pour une torrà. Il faut juste un foyer et un gril (graella).

Le but étant de cuire à feu vif et direct les aliments (viandes, légumes). De préférence avec un feu de bois et en utilisant un gril.

Ironie sordide de l’Histoire, le saint patron de Valencia, St Vincent Martyr aurait péri à Valence, rôti sur un gril en 304 après JC, si l’on en croit la légende. Tout comme St Laurent avant lui, autre martyr d’origine espagnole.

C’est d’ailleurs de cette époque que viendrait l’expression « mettre sur le gril », pour imager un interrogatoire sous la torture.

Mais, revenons plutôt à des considérations plus réjouissantes et gastronomiques.

En Espagne, on utilise souvent les termes : asado (rôti), parillada (au gril). Suivant les pays et régions, il y a certaines subtilités, et chacun à sa propre vision. Un Argentin n’aura pas la même façon de faire un asado qu’un Espagnol. Et si on rajoute en plus la rôtisserie à la broche, on ne s’en sort plus.

Pour notre torrà valencienne, on dira qu’il s’agit d’une grillade et cela ira très bien 

Comme pour notre grillade ou barbecue, l’on peut trouver 3 versions :

  • À la bonne franquette. Chacun ramène ce qu’il peut et on partage.
  • On fait un pot commun pour faire les courses, ou bien on se répartit les rôles toi tu achètes le pain, toi la viande, toi la charcuterie…
  • On se fait inviter par un généreux organisateur qui a tout prévu.

Dans tous les cas, une torrà se fait à la campagne, à l’air libre (il vaut mieux avec la fumée dégagée). Il existe de nombreuses zones récréatives en dehors de Valence pour se réunir entre amis et faire une torrà mémorable.

Les incontournables :

  • De la viande : principalement des côtelettes (porc, agneau, bœuf)
  • De la charcuterie : longanizas (saucisses), chorizo, boudin (morcilla), poitrine (cansalà ou panceta)
  • Des légumes à griller (pour ceux qui veulent manger sainement)
  • De l’aïoli faite maison
  • Des boissons : bière, vin, sodas, mistela, cassalla, cremaet.

Une après-midi Torrà rime avec odeur de grillade, de fumée et d’ail. On repart donc avec les vêtements imprégnés.

Un détour à la maison s’impose si l’on souhaite sortir ensuite en soirée.

Dans une bonne torrà, il y a traditionnellement 3 postes importants :

  • Le préposé au gril : Il est le spécialiste attitré pour allumer le feu et surtout gérer la cuisson des différents aliments. Il est de coutume de lui garder une part de chaque, pour qu’il ne meure pas de faim après avoir fini de bosser pour les autres.
  • L’adjoint : Il est là pour assister le chef cuistot et lui apporter des boissons pour qu’il ne meure pas de déshydratation.
  • Le préposé à l’aïoli : Car dans une torrà, cette sauce est aussi importante que la cuisson des aliments.

Comme pour un almuerzo, l’on entame souvent la torrà avec une picaeta.

Il est donc facile pour un francophone de s’adapter. Les apéros, on connaît tous.


Source ; https://www.expat-valencia.com...

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